mardi 11 juillet 2017

Renault et PSA installent le wifi dans leurs usines


     Les industriels Renault et PSA veulent utiliser le wi-fi pour la maintenance prédictive et améliorer la logistique. Mais l’installation des réseaux pose de nombreux défis.

Difficultés techniques

Imaginez vos problèmes personnels de wi-fi… à la puissance 1.000. Comme d’autres grands industriels, Renault et PSA sont en train d’installer l’Internet sans fil dans leurs usines. « C’est compliqué. Ce sont des grandes surfaces, avec de grands volumes, il y a des cages de Faraday [un phénomène qui perturbe les ondes, NDLR] partout. Et nous voulons obtenir un débit suffisant pour faire passer des vidéos », atteste Eric Marchiol, le responsable numérique de l’entité industrielle de Renault, qui a pour ambition de connecter les hommes et les machines des sites du constructeur cette année. Le dirigeant sait de quoi il parle : à Cléon (Seine-Maritime), Renault met sur pied un réseau wi-fi sur le tiers de la surface de l’usine, soit 50 hectares. Le chantier, qui se chiffre en millions d’euros rien que pour le matériel, doit être achevé d’ici à la fin de l’année. A l’échelle du groupe, Eric Marchiol a 6.000 robots et 300 presses estampillés Renault à connecter. « Les machines les plus récentes ont des cartes wi-fi. Mais nous devons connecter les autres à la main, nous installons des capteurs qui ont le wi-fi intégré », détaille l’ingénieur. Qui ne doit pas oublier les tablettes pré- vues pour les chefs d’équipe, pour leur fournir des informations personnalisées et leur éviter de se déplacer à tout bout de champ sur les lignes. Ou les grands écrans installés pour faire le contrôle qualité en temps réel. Un travail de fourmi.

Enjeu de sécurité

     « On se rend vite compte que c’est d’une complexité extraordinaire, qu’il faut faire pour chaque lieu un réseau sur mesure, qu’une simple porte peut changer beaucoup de choses », confirme Marc Taieb, le patron de Bolloré Télécom, qui rappelle que deux bornes wi-fi côte à côte s’aveuglent, et que le débit doit être stable sur un site industriel. Chez PSA, on mesure également l’ampleur de la tâche. Le groupe de la Grande Armée veut aussi du wi-fi sur ses lignes de fabrication, à commencer par les ateliers de montage et de ferrage. « On vise un réseau évolutif, robuste et fiable, pour faire communiquer les machines entre elles, optimiser les flux logistiques et les déplacements du personnel », dit-on en interne. Chez Peugeot et Citroën, on a même détecté une autre difficulté : le mouvement. « Les caristes doivent continuer de recevoir des commandes pendant qu’ils se déplacent pour assurer une communication en temps réel », pointe-t-on. Dernier détail pour rajouter à la difficulté globale du sujet : la cybersécurité. « Un réseau filaire est protégé physiquement par essence, un malveillant doit s’y brancher. Un réseau wi-fi, lui, est hors les murs, le signal peut être capté depuis le parking, une tablette peut être volée par un prestataire », énumère Laurent Hausermann, le fondateur de Sentryo, un spécialiste du sujet. « Il faut pouvoir isoler des réseaux et gérer la fibre soi-même, et bien dimensionner les cellules pour maîtriser la puissance du signal », précise Marc Taieb. Nul doute que PSA et Renault, après l’attaque subie par le second au mois de Mai (qui l’avait obligée à stopper un grand nombre d’usines), sont conscients de l’enjeu.

Les Echos (Julien Dupont-Calbo)

Intéressant cet article, n'est-ce-pas? Bonne maintenance
Olivier


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