Les industriels Renault et PSA veulent utiliser le wi-fi pour la
maintenance prédictive et améliorer la logistique. Mais l’installation des
réseaux pose de nombreux défis.
Difficultés
techniques
Imaginez vos problèmes personnels de wi-fi… à la puissance
1.000. Comme d’autres grands industriels, Renault et PSA sont en train
d’installer l’Internet sans fil dans leurs usines. « C’est compliqué. Ce sont des grandes surfaces, avec de grands volumes,
il y a des cages de Faraday [un phénomène qui perturbe les ondes, NDLR]
partout. Et nous voulons obtenir un débit suffisant pour faire passer des
vidéos », atteste Eric Marchiol, le responsable numérique de l’entité
industrielle de Renault, qui a pour ambition de connecter les hommes et les
machines des sites du constructeur cette année. Le dirigeant sait de quoi il
parle : à Cléon (Seine-Maritime), Renault met sur pied un réseau wi-fi sur le
tiers de la surface de l’usine, soit 50 hectares. Le chantier, qui se chiffre
en millions d’euros rien que pour le matériel, doit être achevé d’ici à la fin
de l’année. A l’échelle du groupe, Eric Marchiol a 6.000 robots et 300 presses
estampillés Renault à connecter. « Les
machines les plus récentes ont des cartes wi-fi. Mais nous devons connecter les
autres à la main, nous installons des capteurs qui ont le wi-fi intégré »,
détaille l’ingénieur. Qui ne doit pas oublier les tablettes pré- vues pour les
chefs d’équipe, pour leur fournir des informations personnalisées et leur
éviter de se déplacer à tout bout de champ sur les lignes. Ou les grands écrans
installés pour faire le contrôle qualité en temps réel. Un travail de fourmi.
Enjeu de
sécurité
« On se rend vite
compte que c’est d’une complexité extraordinaire, qu’il faut faire pour chaque
lieu un réseau sur mesure, qu’une simple porte peut changer beaucoup de choses
», confirme Marc Taieb, le patron de Bolloré Télécom, qui rappelle que deux
bornes wi-fi côte à côte s’aveuglent, et que le débit doit être stable sur un
site industriel. Chez PSA, on mesure également l’ampleur de la tâche. Le groupe
de la Grande Armée veut aussi du wi-fi sur ses lignes de fabrication, à
commencer par les ateliers de montage et de ferrage. « On vise un réseau évolutif, robuste et fiable, pour faire communiquer
les machines entre elles, optimiser les flux logistiques et les déplacements du
personnel », dit-on en interne. Chez Peugeot et Citroën, on a même détecté
une autre difficulté : le mouvement. « Les
caristes doivent continuer de recevoir des commandes pendant qu’ils se
déplacent pour assurer une communication en temps réel », pointe-t-on.
Dernier détail pour rajouter à la difficulté globale du sujet : la
cybersécurité. « Un réseau filaire est
protégé physiquement par essence, un malveillant doit s’y brancher. Un réseau
wi-fi, lui, est hors les murs, le signal peut être capté depuis le parking, une
tablette peut être volée par un prestataire », énumère Laurent Hausermann,
le fondateur de Sentryo, un spécialiste du sujet. « Il faut pouvoir isoler des réseaux et gérer la fibre soi-même, et bien
dimensionner les cellules pour maîtriser la puissance du signal », précise
Marc Taieb. Nul doute que PSA et Renault, après l’attaque subie par le second
au mois de Mai (qui l’avait obligée à stopper un grand nombre d’usines), sont
conscients de l’enjeu.
Les Echos (Julien Dupont-Calbo)
Intéressant cet article, n'est-ce-pas? Bonne maintenance
Olivier
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